Je passe une super nuit dans ma capsule, pas un bruit, matelas très confortable, chaleur idéale … manquait plus que Camille dedans et c’était parfait !
Je ne vous ai pas beaucoup parlé de Sendai, et je n’y suis malheureusement pas restée assez longtemps pour l’apprécier. Mais on sent qu’il y a du potentiel : c’est la plus grand ville au nord de Tokyo, avec un métro équivalent à celui de Kyoto, un système de bus efficace et bien organisé (et compréhensible pour les étrangers !), des grands buildings comme à Osaka (plus que Kyoto je trouve, et surtout je sais pas c’est mieux fait, et moins laid) …
A noter très important, la double-rue qui s’étend au fur et à mesure. Je m’explique : à côté de la gare principale, il y a le centre économique et administratif, et donc beaucoup de gens, de circulation, etc. Au rez-de-chaussée, directement au sortir de la gare, un grand parking à taxis et à bus de voyage (pas les bus de la ville). Difficile de se déplacer à pied dans ce dédale, j’ai failli me faire écraser plusieurs fois et surtout tout le monde me klaxonnait. De l’autre côté de ce parking, le terminus des bus de la ville et des environs, comme je l’ai dit avant fort nombreux ; mais tout aussi impossible à traverser…pour atteindre encore plus loin les trottoirs et les grands buildings. Comment faire ? Construire des passerelles en hauteur pour les piétons ; comme à Tokyo ou Osaka certes, mais là c’est toute une zone qui est traversée par ces chaussées, pas seulement pour traverser une rue. On a donc deux étages de circulation, et ça fonctionne très bien (sauf quand on n’a pas pigé au début et qu’on essaie de traverser au RDC comme moi … après j’ai compris).
Je quitte mon hôtel capsule pour me rendre à la gare justement, où j’observe avec intérêt ces passerelles, et d’où je prends un train vers le nord, pour retourner à la baie de Matsushima. Oui, parce que les ferries ne circulent qu’un jour sur deux entre Sendai et Nagoya, et le prochain tombe le jour d’après, j’ai donc une journée de libre à Sendai, et comme le Lonely vante Okumatsushima, le nord de la baie, pour sa plage immense et la colline d’où l’on a un panorama magnifique, autant ne pas rater ça. Petite photo : dans le train de Sendai, pour dire qu'en cas de chûte sur les rails il faut appuyer sur le bouton rouge, voilà le petit dessin ... c'est mimi non?? :)
Hop hop en route dans le train, je m’assure de pouvoir louer un vélo sur place, et en effet j’en « loue » un, ou plutôt l’épicerie de la gare (microscopique) m'en prête un gracieusement. Du coup je leur achète un peu à manger pour ce midi.
C’est parti, carte du coin en main, pour une balade d’une journée dans le coin. Direction la presqu’île en sortant de la gare : personne, à part des pins et de la terre sableuse.
J’arrive à une grande route, très peu fréquentée, qui longe la mer … derrière un mur en béton de 2m de haut !! il paraît que l’hiver le climat est rude… A un moment donné de l'histoire récente du Japon (j'allais dire après la guerre mais je ne suis plus très sûre), le gouvernement a voulu faire de Okumatsushima le plus gros port du Japon (rien que ça), et ont entamé des travaux énormes. Mais l’hiver au Tohoku n’est pas facile, et après des années de travaux, et beaucoup d’argent dépensé, il a fallu se rendre à l’évidence : les flots déchainés l’hiver, avec les typhons et les tremblement de terre, ne font pas d’Okumatsushima l’endroit le plus paisible pour construire un port !!
Enfin cette route mène quand même à la presqu’île, où tout est plus calme et pittoresque bien sûr, petite collines tombant dans les criques locales, village de pêcheurs (mais qu’est-ce que peut bien fabriquer une gaijin sur un vélo, toute seule, dans ce trou paumé – et oui le village de pêcheur n’est ni marqué sur le Lonely, ni sur les guides japonais), enfin ravissant quoi.
Je gare mon vélo en bas de la colline principale d’où là vue est réputée magnifique et tout et tout. La montée en tous cas est sympathique : petit chemin sous les arbres, personne bien sûr, quelques moustiques qui se ruent sur moi mais c’est la vie. Et même un "raccourci" junglesque!
En haut on a en effet un beau panorama, mais je suis un peu déçue : le temps étant un peu nuageux (enfin plutôt très ensoleillé mais avec ce voile blanc très désagréable pour prendre des photos et voir loin), on ne peut pas voir le Zao …snif ! Je rêvasse en regardant le paysage quand soudain j’entends « he, please ! ». Je me retourne : il y a un couple de japonais, silencieux avec leur toutou, et un autre groupe de japonais, moins silencieux, et une des femmes du groupe m’appelle ! oh la, qu’est-ce que j’ai encore fait …
La femme est en train de couper des poires japonaises (très grosses, gorgées d’eau, mais pas du tout du tout goutues et pas fondantes du tout dans la bouche) pour en distribuer à son groupe, et veut m’y inclure ! Je refuse au début et puis pas trop quand même, et me voilà assise avec un groupe de japonais que je ne connais ni d’eve ni d’adam (ni de bouddah d’ailleurs) en train de manger une poire en haut de la colline d’Okumatsushima.
Je sors mes petits pains aux raisins achetés le matin, mais ils n’ont pas de succès…
On commence à parler, en fait c’est deux professeurs de japonais (les deux vieux monsieurs) qui emmènent leurs élèves coréennes (les trois femmes) en balade visiter Okumatsushima. Ils habitent tous un peu dans les terres, et c’est une grande sortie pour eux. Le jeune-homme est le fils d'une des trois coréennes.
Ils m’ont vue toute seule et ont trouvé ça très très triste…et oui j’ai oublié de vous raconter hier au Zao : les japonais ne conçoivent pas l’idée de pouvoir passer du bon temps seul. C’est pas possible. Et voyager seul est tout simplement hallucinant, « qu’est-ce que tu dois t’ennuyer !! ». Combien de japonais se sont arrêtée hier pour me demander si j’allais bien, si je n’avais pas un problème vue que j’étais seule, si je voulais me joindre à leur groupe de 30 personnes … et là, pareil. Me voyant toute seule ils ont cru que j’étais triste et déprimée et malheureuse (ils me l’ont dit !!) et donc m’ont invitée à manger une poire avec eux !!
On discute de la France, du Japon, de la Corée, puis l’heure tournant je me dis que j’aimerais bien continuer (toute seule !) mon exploration, mais il n’en est pas question : mes nouveaux compagnons ne veulent pas me laisser partir toute seule ! Du coup, ils m’invitent à leur pique-nique : les coréennes ont préparé plein de plats coréens et l’idée c’est d’aller les manger sur la plage ; et y a pas moyen que j’y échappe. Moi, je suis ravie.
Nous descendons donc de la colline pour récupérer leur voiture, un minivan de luxe, où sont entreposées les victuailles, puis en voiture pour la « plage » que l’un des professeurs de japonais connaît. Après un peu de marche à travers les arbres encore, nous débarquons … sur un bout de sable avec plein de déchets. Ah les japonais et le littoral !!
Ils ont un pays superbe, avec des paysages superbes, et ils n'ent prennent pas du tout soin! Enfin parfois si, mais pas souvent, et presque jamais les bords de mer...pour une bretonne, ça fait mal!!
On improvise une table (c’est vachement pratique de pique-niquer dans une décharge, y a tout à disposition !) et des bancs, puis déballage des mets : on va se péter le bide ! Mes petits pains n'auront toujours aucun succès...
Je ne me souviens plus des noms des plats, mais tout était délicieux. Et puis c’était épicé (enfin pas trop, Thérèse ne t’inquiète pas j’attends toujours avec impatience de remanger un bon cari bien pimenté !), ça fait du bien, parce que la nourriture japonaise est quand même très fade globalement (à part les algues saumurées, mais ça c’est pas mangeable c’est différent).
J’ai parfois du mal à suivre les conversations, surtout que les coréennes passent souvent au coréen, dont les sonorités sont proches du japonais mais les mots complètement différents, du coup je crois être toujours en train de suivre une conversation en japonais et tout d’un coup je comprends plus rien… mais c’est très sympa, les professeurs de japonais sont bénévoles à la retraite, parlent un peu anglais, l’un est allé à Paris, et ils sont très ouverts, malgré leur âge avancé.
Ils me posent des question sur la culture française (et pas seulement sur le fromage), me demandent mon avis sur le Japon, les Coréennes disent que c’est dur pour les étrangers, j’approuve, les professeurs aussi, on dit que les panneaux que en kanji dans la gare de Sendai c’est pas malin, les profs me disent qu’ils trouvent que le gouvernement japonais ne fait pas d’effort, mais que le Japon est un beau pays, etc. etc. Bref ça papote bien !!
Puis deux coréennes vont décrocher des huitres des rochers pendants que je mitraille tout le monde, j’ai pas vraiment envie de gouter aux huitres vu l’environnement mais bon ça ne se refuse pas, alors une petite. J’ai pas été malade, ouf.
L’heure du retour approche, nous remontons dans la voiture, et ils me redéposent à côté de mon vélo (le x vert sur la carte), et s’en vont … avant de partir, l’un des professeurs me remercie, et me dit que c’était un bel exemple de communication interculturelle … très touchant. Je fais de même, et les regarde s’éloigner en enfourchant mon vélo.
Je quitte la presqu’île direction la grande plage que je n’ai pas vue à l’aller ; c’est pas un mur en béton qui va m’empêcher de voir la mer quand même ! En effet, en continuant de l’autre côté, il y a un chemin de sable qui permet d’accéder à la « plage ». Le vélo de ville dans du sable sec c’est pas idéal, je le laisse donc et continue à pied.
Le bord de mer est constitué d’une immense plage de sable et d’oya (c’est comme ça que ça s’appelle Maman ?), parsemés d’ordures pour changer. Et voir ça à perte de vue … ça fait un peu peur. Pas loin des pelleteuses travaillent à la construction de je ne sais quel bâtiment, avec des barbelés partout, et des employés qui vérifient que personne n’approche (mais de toutes façons, qui viendrait ici ??). Les rochers locaux sont très étonnants, on dirait du ciment de Gaudi, on croit voir les marques des vagues qui ont creusé la roche. J'ai vérifié parce que j'avais des doutes, c'est bien du caillou, pas du béton! Je sieste un peu, puis retour à l’épicerie pour rendre le vélo, et retour à Sendai en train.
L’office de tourisme me refait une réservation pour l’hôtel capsule que j’ai vraiment beaucoup aimé, et comme il n’est pas trop tard et que je tiens encore debout (le mal au bras est encore là et les courbatures d’hier aussi, mais ça va peu quand même), je vais à la médiathèque profiter des 30 minutes d’internet gratuites.
Puis direction l’hôtel capsule … où l’employé de l’accueil, en baragouinant 3 mots d’anglais, s’excuse et me dit que ce soir c’est impossible, je peux pas dormir là. ??? « Security problem » me répète-t-il plusieurs fois, moi je lui demande c’est quoi le problème de sécurité, et il finit par me le dire : ce soir, il y a des hommes, et il n’a pas le droit de me faire dormir dans une pièce où il y a des hommes dans les capsules voisines. Ah. Bon. En y repensant, vu la mentalité sexuelle des japonais, j’aurais dû m’en aller en le remerciant de m’avoir prévenue, mais là il est 21h, j’ai mes sacs sur le dos, mal partout, aucune idée d’où dormir, alors j’essaie d’insister, de demander les adresses d’autres capsules (mais non c’est le SEUL capsule de tout Sendai, merci le Lonely qui disait qu’il y en avait à foison), et tous les autres hôtels sont hors de prix. Arg, là, j’ai du mal !!
Je me refourre dans le lonely pour dégoter une adresse d’auberge de jeunesse, à l’autre bout de la ville, et qui a de la place (celle du premier jour était vraiment loin et à cette heure-ci les métros sont rares), seulement il faut prendre deux bus …
Pas le choix, je me traîne à travers Sendai qui m’apparaît beaucoup moins accueillante tout d’un coup, avec la fatigue le bras me lance je sais pas ce que c’est que ce truc, et les courbatures, et mal aux pieds dans mes sandales en mousse pas faites pour la marche ne montagne… J’arrive en trébuchant à l’auberge, où la dame comprend que je suis pas au top, et elle m’aide à m’installer dans ma chambre (et oui, il n’y a qu’un autre jeune, mais un mec, donc pas dans la même chambre, j’ai une chambre pour moi toute seule), me donne plein de papiers pour les explications à lire quand je veux, bref je peux me poser…
Douche et bain chaud, et je m’endors illico (enfin, vers minuit quoi !).
Je ne vous ai pas beaucoup parlé de Sendai, et je n’y suis malheureusement pas restée assez longtemps pour l’apprécier. Mais on sent qu’il y a du potentiel : c’est la plus grand ville au nord de Tokyo, avec un métro équivalent à celui de Kyoto, un système de bus efficace et bien organisé (et compréhensible pour les étrangers !), des grands buildings comme à Osaka (plus que Kyoto je trouve, et surtout je sais pas c’est mieux fait, et moins laid) …
A noter très important, la double-rue qui s’étend au fur et à mesure. Je m’explique : à côté de la gare principale, il y a le centre économique et administratif, et donc beaucoup de gens, de circulation, etc. Au rez-de-chaussée, directement au sortir de la gare, un grand parking à taxis et à bus de voyage (pas les bus de la ville). Difficile de se déplacer à pied dans ce dédale, j’ai failli me faire écraser plusieurs fois et surtout tout le monde me klaxonnait. De l’autre côté de ce parking, le terminus des bus de la ville et des environs, comme je l’ai dit avant fort nombreux ; mais tout aussi impossible à traverser…pour atteindre encore plus loin les trottoirs et les grands buildings. Comment faire ? Construire des passerelles en hauteur pour les piétons ; comme à Tokyo ou Osaka certes, mais là c’est toute une zone qui est traversée par ces chaussées, pas seulement pour traverser une rue. On a donc deux étages de circulation, et ça fonctionne très bien (sauf quand on n’a pas pigé au début et qu’on essaie de traverser au RDC comme moi … après j’ai compris).
Je quitte mon hôtel capsule pour me rendre à la gare justement, où j’observe avec intérêt ces passerelles, et d’où je prends un train vers le nord, pour retourner à la baie de Matsushima. Oui, parce que les ferries ne circulent qu’un jour sur deux entre Sendai et Nagoya, et le prochain tombe le jour d’après, j’ai donc une journée de libre à Sendai, et comme le Lonely vante Okumatsushima, le nord de la baie, pour sa plage immense et la colline d’où l’on a un panorama magnifique, autant ne pas rater ça. Petite photo : dans le train de Sendai, pour dire qu'en cas de chûte sur les rails il faut appuyer sur le bouton rouge, voilà le petit dessin ... c'est mimi non?? :)
Hop hop en route dans le train, je m’assure de pouvoir louer un vélo sur place, et en effet j’en « loue » un, ou plutôt l’épicerie de la gare (microscopique) m'en prête un gracieusement. Du coup je leur achète un peu à manger pour ce midi.
C’est parti, carte du coin en main, pour une balade d’une journée dans le coin. Direction la presqu’île en sortant de la gare : personne, à part des pins et de la terre sableuse.
J’arrive à une grande route, très peu fréquentée, qui longe la mer … derrière un mur en béton de 2m de haut !! il paraît que l’hiver le climat est rude… A un moment donné de l'histoire récente du Japon (j'allais dire après la guerre mais je ne suis plus très sûre), le gouvernement a voulu faire de Okumatsushima le plus gros port du Japon (rien que ça), et ont entamé des travaux énormes. Mais l’hiver au Tohoku n’est pas facile, et après des années de travaux, et beaucoup d’argent dépensé, il a fallu se rendre à l’évidence : les flots déchainés l’hiver, avec les typhons et les tremblement de terre, ne font pas d’Okumatsushima l’endroit le plus paisible pour construire un port !!
Enfin cette route mène quand même à la presqu’île, où tout est plus calme et pittoresque bien sûr, petite collines tombant dans les criques locales, village de pêcheurs (mais qu’est-ce que peut bien fabriquer une gaijin sur un vélo, toute seule, dans ce trou paumé – et oui le village de pêcheur n’est ni marqué sur le Lonely, ni sur les guides japonais), enfin ravissant quoi.
Je gare mon vélo en bas de la colline principale d’où là vue est réputée magnifique et tout et tout. La montée en tous cas est sympathique : petit chemin sous les arbres, personne bien sûr, quelques moustiques qui se ruent sur moi mais c’est la vie. Et même un "raccourci" junglesque!
En haut on a en effet un beau panorama, mais je suis un peu déçue : le temps étant un peu nuageux (enfin plutôt très ensoleillé mais avec ce voile blanc très désagréable pour prendre des photos et voir loin), on ne peut pas voir le Zao …snif ! Je rêvasse en regardant le paysage quand soudain j’entends « he, please ! ». Je me retourne : il y a un couple de japonais, silencieux avec leur toutou, et un autre groupe de japonais, moins silencieux, et une des femmes du groupe m’appelle ! oh la, qu’est-ce que j’ai encore fait …
La femme est en train de couper des poires japonaises (très grosses, gorgées d’eau, mais pas du tout du tout goutues et pas fondantes du tout dans la bouche) pour en distribuer à son groupe, et veut m’y inclure ! Je refuse au début et puis pas trop quand même, et me voilà assise avec un groupe de japonais que je ne connais ni d’eve ni d’adam (ni de bouddah d’ailleurs) en train de manger une poire en haut de la colline d’Okumatsushima.
Je sors mes petits pains aux raisins achetés le matin, mais ils n’ont pas de succès…
On commence à parler, en fait c’est deux professeurs de japonais (les deux vieux monsieurs) qui emmènent leurs élèves coréennes (les trois femmes) en balade visiter Okumatsushima. Ils habitent tous un peu dans les terres, et c’est une grande sortie pour eux. Le jeune-homme est le fils d'une des trois coréennes.
Ils m’ont vue toute seule et ont trouvé ça très très triste…et oui j’ai oublié de vous raconter hier au Zao : les japonais ne conçoivent pas l’idée de pouvoir passer du bon temps seul. C’est pas possible. Et voyager seul est tout simplement hallucinant, « qu’est-ce que tu dois t’ennuyer !! ». Combien de japonais se sont arrêtée hier pour me demander si j’allais bien, si je n’avais pas un problème vue que j’étais seule, si je voulais me joindre à leur groupe de 30 personnes … et là, pareil. Me voyant toute seule ils ont cru que j’étais triste et déprimée et malheureuse (ils me l’ont dit !!) et donc m’ont invitée à manger une poire avec eux !!
On discute de la France, du Japon, de la Corée, puis l’heure tournant je me dis que j’aimerais bien continuer (toute seule !) mon exploration, mais il n’en est pas question : mes nouveaux compagnons ne veulent pas me laisser partir toute seule ! Du coup, ils m’invitent à leur pique-nique : les coréennes ont préparé plein de plats coréens et l’idée c’est d’aller les manger sur la plage ; et y a pas moyen que j’y échappe. Moi, je suis ravie.
Nous descendons donc de la colline pour récupérer leur voiture, un minivan de luxe, où sont entreposées les victuailles, puis en voiture pour la « plage » que l’un des professeurs de japonais connaît. Après un peu de marche à travers les arbres encore, nous débarquons … sur un bout de sable avec plein de déchets. Ah les japonais et le littoral !!
On improvise une table (c’est vachement pratique de pique-niquer dans une décharge, y a tout à disposition !) et des bancs, puis déballage des mets : on va se péter le bide ! Mes petits pains n'auront toujours aucun succès...
Je ne me souviens plus des noms des plats, mais tout était délicieux. Et puis c’était épicé (enfin pas trop, Thérèse ne t’inquiète pas j’attends toujours avec impatience de remanger un bon cari bien pimenté !), ça fait du bien, parce que la nourriture japonaise est quand même très fade globalement (à part les algues saumurées, mais ça c’est pas mangeable c’est différent).
J’ai parfois du mal à suivre les conversations, surtout que les coréennes passent souvent au coréen, dont les sonorités sont proches du japonais mais les mots complètement différents, du coup je crois être toujours en train de suivre une conversation en japonais et tout d’un coup je comprends plus rien… mais c’est très sympa, les professeurs de japonais sont bénévoles à la retraite, parlent un peu anglais, l’un est allé à Paris, et ils sont très ouverts, malgré leur âge avancé.
Ils me posent des question sur la culture française (et pas seulement sur le fromage), me demandent mon avis sur le Japon, les Coréennes disent que c’est dur pour les étrangers, j’approuve, les professeurs aussi, on dit que les panneaux que en kanji dans la gare de Sendai c’est pas malin, les profs me disent qu’ils trouvent que le gouvernement japonais ne fait pas d’effort, mais que le Japon est un beau pays, etc. etc. Bref ça papote bien !!
Puis deux coréennes vont décrocher des huitres des rochers pendants que je mitraille tout le monde, j’ai pas vraiment envie de gouter aux huitres vu l’environnement mais bon ça ne se refuse pas, alors une petite. J’ai pas été malade, ouf.
Je quitte la presqu’île direction la grande plage que je n’ai pas vue à l’aller ; c’est pas un mur en béton qui va m’empêcher de voir la mer quand même ! En effet, en continuant de l’autre côté, il y a un chemin de sable qui permet d’accéder à la « plage ». Le vélo de ville dans du sable sec c’est pas idéal, je le laisse donc et continue à pied.
Le bord de mer est constitué d’une immense plage de sable et d’oya (c’est comme ça que ça s’appelle Maman ?), parsemés d’ordures pour changer. Et voir ça à perte de vue … ça fait un peu peur. Pas loin des pelleteuses travaillent à la construction de je ne sais quel bâtiment, avec des barbelés partout, et des employés qui vérifient que personne n’approche (mais de toutes façons, qui viendrait ici ??). Les rochers locaux sont très étonnants, on dirait du ciment de Gaudi, on croit voir les marques des vagues qui ont creusé la roche. J'ai vérifié parce que j'avais des doutes, c'est bien du caillou, pas du béton! Je sieste un peu, puis retour à l’épicerie pour rendre le vélo, et retour à Sendai en train.
L’office de tourisme me refait une réservation pour l’hôtel capsule que j’ai vraiment beaucoup aimé, et comme il n’est pas trop tard et que je tiens encore debout (le mal au bras est encore là et les courbatures d’hier aussi, mais ça va peu quand même), je vais à la médiathèque profiter des 30 minutes d’internet gratuites.
Puis direction l’hôtel capsule … où l’employé de l’accueil, en baragouinant 3 mots d’anglais, s’excuse et me dit que ce soir c’est impossible, je peux pas dormir là. ??? « Security problem » me répète-t-il plusieurs fois, moi je lui demande c’est quoi le problème de sécurité, et il finit par me le dire : ce soir, il y a des hommes, et il n’a pas le droit de me faire dormir dans une pièce où il y a des hommes dans les capsules voisines. Ah. Bon. En y repensant, vu la mentalité sexuelle des japonais, j’aurais dû m’en aller en le remerciant de m’avoir prévenue, mais là il est 21h, j’ai mes sacs sur le dos, mal partout, aucune idée d’où dormir, alors j’essaie d’insister, de demander les adresses d’autres capsules (mais non c’est le SEUL capsule de tout Sendai, merci le Lonely qui disait qu’il y en avait à foison), et tous les autres hôtels sont hors de prix. Arg, là, j’ai du mal !!
Je me refourre dans le lonely pour dégoter une adresse d’auberge de jeunesse, à l’autre bout de la ville, et qui a de la place (celle du premier jour était vraiment loin et à cette heure-ci les métros sont rares), seulement il faut prendre deux bus …
Pas le choix, je me traîne à travers Sendai qui m’apparaît beaucoup moins accueillante tout d’un coup, avec la fatigue le bras me lance je sais pas ce que c’est que ce truc, et les courbatures, et mal aux pieds dans mes sandales en mousse pas faites pour la marche ne montagne… J’arrive en trébuchant à l’auberge, où la dame comprend que je suis pas au top, et elle m’aide à m’installer dans ma chambre (et oui, il n’y a qu’un autre jeune, mais un mec, donc pas dans la même chambre, j’ai une chambre pour moi toute seule), me donne plein de papiers pour les explications à lire quand je veux, bref je peux me poser…
Douche et bain chaud, et je m’endors illico (enfin, vers minuit quoi !).
4 commentaires:
Il a raison Cam : ton blog se lit comme un roman d'aventures ! Et on attend la suite avec impatience...
Le passage sur "l'échange interculturel" est vraiment hyper drôle et un peu émouvant aussi.
P.S. J'espère que ton bras va bien
J'aime bien ton côté héros solitaire comme dans un "road movie" de wim wenders, (et la traversée du parking de Sendai pourrait être une mission de James Bond).
To be continued.
Bonjour Elie! La traversé du parking ... avec mon harnachement, mes courbatures, et un bras en moins, James Bond a perdu de son dynamisme!! :)
moi j'ai beaucoup ri avec le pique nique sur la plage de déchets où tout est à disposition!! j'en rigle encore! c'est ce qui s'appelle positiver, si tu vois ce que je veux dire...
Je passe à la suite, car moi j'ai toujours un peu de retard...
Dominique
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