Donc voilà j'ai laissé partir mon homme et je me suis retrouvée dans une auberge de jeunesse rigolotte.
Le lendemain matin - le 8 septembre donc - réveil à 6h30 pour avoir le temps de faire mon sac, le mettre dans une consigne, et être à 8h à la gare routière de Naha. Au passage, petite photo du crabe qui dit "attention aux portes, tu risques de te faire pincer très fort!", c'est comme notre ancien lapin parisien mais en local ... et plus rigolo.
A la gare routière, j'essaie de me dépatouiller entre les infos du Lonely Planet, celles d'un guichetier, et celles d'une guichetières, toutes différentes, pour monter dans un bus qui m'emmènera au Mémorial de la Paix, au sud d'Okinawa-hanto. Si vo vous rappelez plus où c'est, retournez voir la carte.
Pour y parvenir, un premier bus m'emmène à travers la banlieue de Naha, très étendue, jusqu'à un trou paumé, petite gare routière de campagne perdue au milieu de petits immeubles résidentiels, le contraste est étonnant. Je demande à un chauffeur quel bus prendre pour continuer jusqu'au Mémorial, il me regarde, et me dit "bah, allez on y va!". On démarre, je suis seule dans le bus, quels étranges horaires de bus!! On choppe au passage un étudiant japonais avec sa guitare et son guide du Mémorial, puis direction la côte sud. Là, c'est vraiment la campagne, avec les personnes agées se pliant en deux dans les champs, les champs justement, la mer toute bleue juste à côté ...
On arrive au Mémorial après au total 2h de bus, pourtant c'est vraiment pas loin!! A vol d'oiseau, il y a 15 kilomètres ... mais bon, c'est joli, et puis c'est ça de voyager en bus omnibus (ça existe bien, les trains omnibus, non? ou alors c'est des omnitrains?). Et puis de toutes façons il n'y a pas de train!
Donc, arrivée au Mémorial, personne à part quelques ouvriers qui travaillent à la construction d'un nouveau bâtiment du Mémorial...ambiance far-west garantie. Il fait chaud, du vent, du sable, on dirait presque Berlin-est en juillet ... :)
Le Mémorial et constitué d'un bâtiment principal contenant une très grande exposition relatant ce que le peuple d'Okinaa a enduré depuis belle lurette (et ils s'en sont vraiment pris plein la figure pour rester polie), et un parc pour la paix, avec la pierre angulaire de la paix, et des plaques de pierre où sont gravés les noms des soldats taiwanais, coréens, américains, et anglais tombés pendant la bataille d'Okinawa.
Le parc de la paix est situé au ras de la falaise qui donne sur les flots du pacifique, l'endroit est magnifique. Juste un peu dommage d'avoir choisi comme architecture pour le musée de la paix une sorte d'immeuble-bungalow de plage, qui fait vraiment plage à touristes ... mais ce n'est pas à moi de juger.
La visite est dure, très dure. Je vais pas vous raconter toute l'histoire d'Okinawa, mais en gros à partir du XIIeme siècle apparaisent des petits royaumes indépendants dans les îles Ryukyu (aujourd'hui les îles de la préfecture d'Okinawa), où le traffic maritime est très important.
Les accords de commerce et d'allégance avec la Chine enrichissent les royaumes, qui s'unifient en un seul royaume, et un des rois construit le Shuri-jo (le rouge, que j'ai visité "hier") en 1392 a priori.
Puis en 1609 le royaume Ryukyu perd son indépendance suite à une expédition lancée par le Japon (depuis Kyushu), et en 1879, Okinawa devient une des préfecture du Japon. La culture Ryukyu est rayée des esprits, les noms à sonorité ryukyu interdits et changés en noms japonais, la langue ryukyu interdite, pas mal de morts, bref une bonne colonisation comme il se doit.
Okinawa est alors utilisée par les japonais comme base pour coloniser toute l'Asie du Sud-Est (ils iront jusqu'à l'actuelle Indonésie), et les Okinawaiens seront de la bonne chair à fusil.
Puis pendant la seconde guerre mondiale, ils servent aussi aux manoeuvres de l'armée japonaise, ainsi que de zone de transfert des soldats coréens, chinois, et taiwanais que l'armée japonaise "récolte" dans ses colonies. Je prends un ton méchant mais bon ça a été pareil avec toutes les colonies et la France entre autres a fait pareil donc bon.
A la fin de la seconde guerre mondiale, l'armée Américaine débarque à Okinawa, qui servira de base pour ensuite remonter sur "le continent" (ie Kyushu et surtout Honshu). C'est le début de la fin pour l'armée japonaise, qui du coup se sert des okinawaiens comme des soldats, des esclaves, des souffre-douleur, etc. C'est la pire des période pour les okinawaiens, pris entre les tirs de l'armée américaine (l'opération ilitaire a été appelée le "typhon d'acier" par les okinawaiens et les soldats japonais en poste) et les exactions des soldats japonais (avec viols, pillages, tueries, mutilages, assasinats de bébés dans les bras de leur mère parce que leurs pleurs pourraient attirer les américains, bref que du bonheur).
Après la reddition du Japon, les États-Unis ont continué à occuper Okinawa, même après l'indépendance formelle du Japon, le 28 avril 1952. Jusqu'au 15 mai 1972 les États-Unis administrèrent officiellement Okinawa. Alors qu'au début les Américains furent accueillis comme des libérateurs de l'oppression japonaise, ils ont pris le rôle des colonisateurs et ont au fur et à mesure abusé des okinawaiens. Aujourd'hui, Okinawa abrite encore d'importantes bases militaires américaines, même si le okinawaiens se démènent pour les faire partir - mais c'est bien pratique de laisser les américains à Okinawa, loin du "continent", alors le gouvernement japonais ne se bouge pas non plus des masses pour faire partir l'armée américaine d'Okinawa.
Aujourd'hui, grâce au tourisme, Okinawa commence à s'enrichir un petit peu.
Voilà en gros l'histoire d'Okinawa ... le Musée raconte tout cela, avec de nombreux témoignages (j'ai du m'allonger pour ne pas tomber dans les pommes en les lisant), des photos, objets, reconstitutions, etc. C'était dur, et ça ne donnait pas du tout envie de revenir sur le "continent".
Mais bon, il fallait bien rentrer, alors hop le bus du retour, puis le monorail direction l'aéroport. Le temps de prendre en photo l'avion chinois qui s'était enflammé une semaine plus tôt sur ltarmac de Naha (aucun mort rassurez-vous), et hop hop je m'envole vers Tokyo.
Retrouvailles avec Camille et surtout avec la famille Kondo, qui est venue nous chercher à l'aéroport! Et oui Camille arrive d'Osaka et moi d'Okinawa, à 30 min de décalage (en théorie, parce que mon avion a eu du retard), et les Kondo sont venus nous chercher en voiture ... vraiment adorables!
Nous dînons de sashimis dans leur maison de Setagaya, que Camille et moi retrouvons avec bonheur. Ekyuu est toujours aussi joueur avec Camille, mais aussi timide avec moi ... il faudrait que je lui fasse plein de gâteaux peut-etre? ;) Pour l'instant il apprend à faire des sushis avec son papa Masayuki ...
Le lendemain matin - le 8 septembre donc - réveil à 6h30 pour avoir le temps de faire mon sac, le mettre dans une consigne, et être à 8h à la gare routière de Naha. Au passage, petite photo du crabe qui dit "attention aux portes, tu risques de te faire pincer très fort!", c'est comme notre ancien lapin parisien mais en local ... et plus rigolo.
A la gare routière, j'essaie de me dépatouiller entre les infos du Lonely Planet, celles d'un guichetier, et celles d'une guichetières, toutes différentes, pour monter dans un bus qui m'emmènera au Mémorial de la Paix, au sud d'Okinawa-hanto. Si vo vous rappelez plus où c'est, retournez voir la carte.
Pour y parvenir, un premier bus m'emmène à travers la banlieue de Naha, très étendue, jusqu'à un trou paumé, petite gare routière de campagne perdue au milieu de petits immeubles résidentiels, le contraste est étonnant. Je demande à un chauffeur quel bus prendre pour continuer jusqu'au Mémorial, il me regarde, et me dit "bah, allez on y va!". On démarre, je suis seule dans le bus, quels étranges horaires de bus!! On choppe au passage un étudiant japonais avec sa guitare et son guide du Mémorial, puis direction la côte sud. Là, c'est vraiment la campagne, avec les personnes agées se pliant en deux dans les champs, les champs justement, la mer toute bleue juste à côté ...
On arrive au Mémorial après au total 2h de bus, pourtant c'est vraiment pas loin!! A vol d'oiseau, il y a 15 kilomètres ... mais bon, c'est joli, et puis c'est ça de voyager en bus omnibus (ça existe bien, les trains omnibus, non? ou alors c'est des omnitrains?). Et puis de toutes façons il n'y a pas de train!
Donc, arrivée au Mémorial, personne à part quelques ouvriers qui travaillent à la construction d'un nouveau bâtiment du Mémorial...ambiance far-west garantie. Il fait chaud, du vent, du sable, on dirait presque Berlin-est en juillet ... :)
Le Mémorial et constitué d'un bâtiment principal contenant une très grande exposition relatant ce que le peuple d'Okinaa a enduré depuis belle lurette (et ils s'en sont vraiment pris plein la figure pour rester polie), et un parc pour la paix, avec la pierre angulaire de la paix, et des plaques de pierre où sont gravés les noms des soldats taiwanais, coréens, américains, et anglais tombés pendant la bataille d'Okinawa.
Le parc de la paix est situé au ras de la falaise qui donne sur les flots du pacifique, l'endroit est magnifique. Juste un peu dommage d'avoir choisi comme architecture pour le musée de la paix une sorte d'immeuble-bungalow de plage, qui fait vraiment plage à touristes ... mais ce n'est pas à moi de juger.
La visite est dure, très dure. Je vais pas vous raconter toute l'histoire d'Okinawa, mais en gros à partir du XIIeme siècle apparaisent des petits royaumes indépendants dans les îles Ryukyu (aujourd'hui les îles de la préfecture d'Okinawa), où le traffic maritime est très important.
Les accords de commerce et d'allégance avec la Chine enrichissent les royaumes, qui s'unifient en un seul royaume, et un des rois construit le Shuri-jo (le rouge, que j'ai visité "hier") en 1392 a priori.
Puis en 1609 le royaume Ryukyu perd son indépendance suite à une expédition lancée par le Japon (depuis Kyushu), et en 1879, Okinawa devient une des préfecture du Japon. La culture Ryukyu est rayée des esprits, les noms à sonorité ryukyu interdits et changés en noms japonais, la langue ryukyu interdite, pas mal de morts, bref une bonne colonisation comme il se doit.
Okinawa est alors utilisée par les japonais comme base pour coloniser toute l'Asie du Sud-Est (ils iront jusqu'à l'actuelle Indonésie), et les Okinawaiens seront de la bonne chair à fusil.
Puis pendant la seconde guerre mondiale, ils servent aussi aux manoeuvres de l'armée japonaise, ainsi que de zone de transfert des soldats coréens, chinois, et taiwanais que l'armée japonaise "récolte" dans ses colonies. Je prends un ton méchant mais bon ça a été pareil avec toutes les colonies et la France entre autres a fait pareil donc bon.
A la fin de la seconde guerre mondiale, l'armée Américaine débarque à Okinawa, qui servira de base pour ensuite remonter sur "le continent" (ie Kyushu et surtout Honshu). C'est le début de la fin pour l'armée japonaise, qui du coup se sert des okinawaiens comme des soldats, des esclaves, des souffre-douleur, etc. C'est la pire des période pour les okinawaiens, pris entre les tirs de l'armée américaine (l'opération ilitaire a été appelée le "typhon d'acier" par les okinawaiens et les soldats japonais en poste) et les exactions des soldats japonais (avec viols, pillages, tueries, mutilages, assasinats de bébés dans les bras de leur mère parce que leurs pleurs pourraient attirer les américains, bref que du bonheur).
Après la reddition du Japon, les États-Unis ont continué à occuper Okinawa, même après l'indépendance formelle du Japon, le 28 avril 1952. Jusqu'au 15 mai 1972 les États-Unis administrèrent officiellement Okinawa. Alors qu'au début les Américains furent accueillis comme des libérateurs de l'oppression japonaise, ils ont pris le rôle des colonisateurs et ont au fur et à mesure abusé des okinawaiens. Aujourd'hui, Okinawa abrite encore d'importantes bases militaires américaines, même si le okinawaiens se démènent pour les faire partir - mais c'est bien pratique de laisser les américains à Okinawa, loin du "continent", alors le gouvernement japonais ne se bouge pas non plus des masses pour faire partir l'armée américaine d'Okinawa.
Aujourd'hui, grâce au tourisme, Okinawa commence à s'enrichir un petit peu.
Voilà en gros l'histoire d'Okinawa ... le Musée raconte tout cela, avec de nombreux témoignages (j'ai du m'allonger pour ne pas tomber dans les pommes en les lisant), des photos, objets, reconstitutions, etc. C'était dur, et ça ne donnait pas du tout envie de revenir sur le "continent".
Mais bon, il fallait bien rentrer, alors hop le bus du retour, puis le monorail direction l'aéroport. Le temps de prendre en photo l'avion chinois qui s'était enflammé une semaine plus tôt sur ltarmac de Naha (aucun mort rassurez-vous), et hop hop je m'envole vers Tokyo.
C'est la fin d'Okinawa!
Retrouvailles avec Camille et surtout avec la famille Kondo, qui est venue nous chercher à l'aéroport! Et oui Camille arrive d'Osaka et moi d'Okinawa, à 30 min de décalage (en théorie, parce que mon avion a eu du retard), et les Kondo sont venus nous chercher en voiture ... vraiment adorables!
Nous dînons de sashimis dans leur maison de Setagaya, que Camille et moi retrouvons avec bonheur. Ekyuu est toujours aussi joueur avec Camille, mais aussi timide avec moi ... il faudrait que je lui fasse plein de gâteaux peut-etre? ;) Pour l'instant il apprend à faire des sushis avec son papa Masayuki ...
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