Petite dédicace spéciale de ce post à mes tontons qui ont vainement essayé de me faire marcher en montagne, et à Camille qui a réussi à me donner l’envie de grimper en haut d'un volcan toute seule…
Tout commence donc le matin : lever à 6h du matin, direction le rotemburo de Zao onsen pour un bain matinal. Je sens qu’un certain jargon empêche une parfaite compréension… Un rotemburo, c’est un onsen en plein air, dans la nature (mais quand même organisé, donc avec des trucs pour pas que les passants nous voient toutes nues), et un onsen c’est un bain chaud naturel dont l’eau provient directement des montagnes environnantes (parfois il faut refroidir l’eau parce qu’elle est trop chaude en sortant de la montagne). Nous nous plongeons donc dans cette eau … or les sources locales sont pleines de souffre, c’est la particularité du coin. Et oui, le souffre, ça pue. Et dans toute la ville, ça sent l’œuf pourri. C’était un peu dur en arrivant, pas évident non plus quand on mangeait notre bol de riz hier soir, mais alors se baigner dans un truc qui pue c’était carrément chaud (c’est le cas de le dire). Mais combien de fois vais-je avoir l’occasion de me baigner dans une eau à 40 degrés en pleine montagne avec le soleil levant, Yuki avec moi, et presque personne à par les cailloux et les arbres qui nous entourent ?? On profite donc pendant une bonne heure du lieu.
Les photos étaient interdites, mais à un moment donné, pendant 2-3 minutes, il n’y avait aucune autre baigneuse, et pendant que Yuki faisait la mata (ie vérifiait que personne ne venait pour les non-azoulay), j’ai réussi à prendre quelques photos … mais Yuki ne veut pas que je mette celle où elle est toute nue dans l’eau ! quel dommage ! :D
Puis nous prenons le bus qui nous ramènera à Yamagata, d’où Yuki repartira vers Sendai en train, pour attraper ensuite un shinkansen vers Osaka ; moi il faut que je récupère mon sac à dos qui est dans le même casier que Yuki, fasse un petit changement de contenu, recharge mon appareil photo quelque part (c’est Yuki qui trouve, merci la miss !), et me réserve une place pour mon retour en ferry…et oui comme le shinkansen c’est cher, et que le train tortillard c’est compliqué pour traverser le pays de Zao à Kyoto, je vais rentrer en ferry ! Il y a une ligne entre Sendai et Nagoya, puis de Nagoya à Kyoto en bus c’est pas long et pas cher. Donc réservation de mon ferry, avec couchettes et tout, et cette fois-ci la dame de l’office de tourisme ne peut pas me faire la réservation (il y a des gens dans l’office). Heureusement Yuki arrive à la fin pour me confirmer que j’ai pas dit n’importe quoi au téléphone au guichetier !
Bref, en une demi-heure c’est bouclé, je remonte dans le bus qui me ramènera à Zao Onsen, et Yuki part. La suite se fera sans Yuki … Donc je monte dan mon bus, on repasse par Zao onsen mais cette fois-ci le bus continue jusqu’au pied du Zao justement, le bus qu’on avait loupé hier matin. Je dis au pied du Zao, c’est faux : il nous monte beaucoup le bus, et ensuite un petit télésiège une place qui ne marche que l’été me monte encore un peu plus. C’est très agréable ce petit engin, les sièges sont vraiment minimaux et du coup on a vraiment l’impression de voler … enfin pas d’être dans une grosse machine quoi. Au fur et à mesure, la vue sur toute la vallée et sur les montagnes environnantes se déploie, c’est superbe. Le sourire se cloue sur mes joues, c’est tellement beau que je souris … bizarre comme sensation, ça doit s’appeler l’euphorie surement.
C’est donc avec le mal aux joues que j’arrive en haut : j’aperçois un peu du cratère, mais il faudra marcher pour mieux le voir. C’est surtout les roches qui m’impressionnent : on dirait vraiment que c’est de la pâte feuilletée, torturée par des mains de géant, qui y a intégré des couches de pâte à la cerise sûrement, et pas mal d’autres fruits pour qu’il y ait autant de couleurs. Je pense à Agathe qui doit être en train de commencer son master de géologie à Grenoble…
Je monte à droite (aucune idée de l’orientation) jusqu’au petit santuaire, et accessoirement le deuxième sommet du coin, le Kattadake, à 1758m. La vue … bon, ben des montagnes partout, et sinon le ciel, et des monticules de pierres (ils ont une signification religieuse mais je ne sais pas quoi…). C’est sec, aride, nu, rêche, « vide », pur … beau quoi.
Puis redescente vers le cratère, ou Okama en japonais (mais le sens le plus utilisé de « okama » au Japon est celui d’homosexuel, donc après quand j’ai raconté que j’étais allée voir un okama … forcément au début ils m’ont regardé bizarrement, puis ça les a fait beaucoup rire ; beaucoup de gens ne connaissent que le sens d’homosexuel, pas de cratère, c’est comme si en français quand on dit « pédale » les gens ne savaient pas que c’était le truc qui permet de faire avancer un vélo !!). Bref, je redescend un peu, et voici là photo qui doit être familière à certains…
Ayé, je vois enfin le fameux cratère et son lac. Et en effet, c’est pas dégueu !! La couleur de l’eau change selon la météo : en effet, quand le volcan est apparu, ça a remué un tas de minerais qui étaient sous terre, ça a volé de partout, des tourbillons de poussière tout ça vous imaginez le carnage, et des morceaux de roche contenant des métaux variés se sont déposées au fond du cratère. Puis l’eau est venue s’installer. Or les métaux ont des reflets différents, et selon la luminosité, l’orientation du soleil, s’il a plu beaucoup avant ou pas, les reflets du lac changent en fonction des métaux qui reflètent le plus tel éclairage. Là, il était particulièrement vert, en tous cas très très très beau. Je l’ai pas mal mitraillé, mais c’était difficile de l’avoir en entier. Un petit montage aussi.
Après un bon moment d’extase, j’arrive à m’arracher au spectacle : 5h de marche m’attendent (selon l’office de tourisme), qu’il faudra que je boucle en beaucoup moins si je veux attraper le bus qui me redescendra à Yamagata pour prendre le train vers Sendai.
J’entame donc une vraie course contre la montre, en courant dans ce désert, sisi je vous jure, parfois le ravissement ça donne des ailes. Comme je veux profiter du spectacle quand même, je cours, petite pause photo et éblouissement, puis re-course, et ainsi de suite. Le chemin est un vrai chemin de pèlerinage, il n’y a rien à part quelques bâtons pour indiquer la route à suivre. Ca me fait vraiment penser au film dont je ne me rappelle plus le non, et qui se passe dans un petit village du Maghreb avec un mec qui veut monter, et il y a du vent, du vent, et du sec… pareil aussi dans le roman de Camus dont je ne rappelle plus non plus le nom, où le héros « disparaît » dans le vent et la montagne aride… enfin chuis contente quoi.
Après une petite montée, un chemin de crète, puis again une montée. Photo d’un père (agé, je dirais 70 ans japonais), qui emmène sa fille handicapée en ballade sur le cratère. C’était très émouvant de les voir se démener contre la montée, l’un à cause e l’âge, l’autre à cause de son handicap. Ils marchaient vite je trouve. Je m’arrête en haut du Kumanodake, à 1840,5 m, sommet local, pour déjeuner. Il y a un petit autel, que deux ouvriers remettent en état, et qui profitent de la pause pour se reposer … une petite sieste à 2000m d’altitude, sympa.
Quand j’ai fini de manger, le père et la fille arrivent, et comme on se sourit de se reconnaître, ils me demandent si je peux les prendre en photo devant le paysage. Je ne sais pas pourquoi il m’a demandé à moi, il ne parlait pas un mot d’anglais, il y avait plein de japonais autour, peut-être justement parce qu’il n’avait pas envie de parler ou de subir le regard parfois très « jugeateur » (c’est quoi le bon mot en français ??) de ses compatriotes. En tous cas je m’exécute avec plaisir. J’espère que la photo leur aura plu (c’était pas un numérique j’ai pas pu voir le résultat…).
Une photo avec le retardateur, il n’y avait que quelques cailloux pas bien hauts pour poser l’appareil, d’où la pause étrange !!
Puis redescente en suivant les signes par terre, pas assez de terre pour planter des bâtons par ici. La course continue, cette fois-ci en accélérant encore, l’heure tourne ! Une fois le Kumanodake passé (lieu du déjeuner), plus personne : les visiteurs montent en bus + télésiege, vont voir l’okama et l’autel du Kumano, et s’en retournent à la maison…quel dommage. Enfin pour moi c’était tout bénef, encore mieux pour apprécier l’espace. Le soleil chauffe, et j’ai pas pris beaucoup d’eau…
Petite vue sur LE paysage typique du Japon : des montagnes, totalement archi-vides, et entre elles des plaines en hyper-occupation du sol, densité énorme, paysage assez laid, villes très étendues mais très peu hautes (rez-de-chaussée et 1 étage dans une immense majorité), reliées entre elles presque sans interruption par des banlieues qui ne diffèrent des centre-ville que par la délimitation administrative du territoire. Du très laid et du très beau si proche, c’est un contraste toujours aussi étonnant pour moi.
J’entame la descente vers Zao onsen, en courant à toute vitesse en dévalant les pentes, je vais jamais arriver à choper le bus !! Grâce à ma super boussole, je trouve un raccourci qui me fait gagner quelques précieuses minutes. Mais peu à peu je commence à avoir très mal au bras droit : qu’est-ce que c’est que ce truc ?? je ne porte rien du bras droit, je suis gauchère, j’ai mon sac sur les épaules, je comprends pas du tout mais ça me lance, ça fait mal ! M’en fous je cours, et j’arrive en haut des même œufs qu’hier … et le même guichetier me voit débouler à toute vitesse, dans le même état, mais avec un bras qui pend en plus, me donne un billet pour descendre sans que j’aie besoin de parler, et m’emmène en courant lui aussi vers une cabine – je crois qu’il a compris qu’en général, j’étais plutôt en speed …
Ouf, ça fait du bien. 6 minutes de repos, je mets mon fichu bras en écharpe dans mon paréo, mais qu’est-ce que c’est que cette histoire. Arrivée en bas, il faut encore courir pour arriver jusqu’à la gare de bus, et là, miracle, une voiture arrive derrière moi, je lui court après et monte dedans presque sans leur demander leur avis en expliquant en haletant que j’ai un bus à prendre à la gare routière. Les deux nanas, en tailleur noir, me regardent d’un air ahuri (imaginez, une gaijin, qui peut à peine parler, mais qui parle en japonais quand même, avec un bras en écharpe, qui monte dans votre voiture sans autre forme de procès, ça fait bizarre !!). Heureusement, j’ai affaire à des japonaises pas trop coincées, qui sans me poser de questions appuient sur le champignon (enfin, que la conductrice) et m’amène à la gare routière. Je les remercie vivement et fonce dans le bus qui part 1 minute après.
J’en reviens pas d’être arrivée à temps !! J'ai donc fait le trajet en 3h40 au lieu de 5h... Le trajet en bus me permet de récupérer un peu, toujours le sourire coincé aux lèvres.
Arrivée à Sendai, l’office de tourisme me trouve un hotel capsule tout près de la médiathèque, je m’y réfugie. Je suis la seule cliente de l’hôtel, je découvre donc cet univers si particulier très à l’aise. Chaque client a une capsule, 2m de long sur 1m de large, juste de quoi s’allonger, avec télé et radio (mais j’ai pas testé, désolée Baston!). Des douches communes comme au onsen, mais là j’étais toute seule, quel plaisir, une bonne douche après la course… Recharge d’appareil photo, biafine (et oui ça tape en montagne), massage peu convaincant de mon bras à la noix, et … dodo !!!
Ah, après coup je rajoute une petite carte pour repérage...
Bain souffré à Zaon Onsen, bus (trais bleus pointillés vers le nord) pour revenir à Yamagata, re-bus (les mêmes pointillés dans l'autre sens) pour repasser par Zao onsen en continuant vers le sud sur la route 53, puis virage à l'est et arrêt du bus. En pointillé jaune c'est mon trajet en télésiège puis à pied, passage au cratère, marche, puis descente en télécabine (le trait noir le plus au nord). Enfin re-re-bus vers Yamagata (les éternels pointillés bleus; je connais la route!).
8 commentaires:
Quelle épopée !!
Voila donc la fameuse histoire du bras... ça va c'est passé vite? je ne me rappelle plus, t'a couru tellement vite avec tes jambes que les bras ont pas suivi? C'est quantique ça comme truc... As an early reader of your posts, j'ai souvent droit au post sans photos avec juste le texte, mais c'est rarement aussi frustrant que ce post palpitant! les photos! les photos!
Décidément quel beau blog!
La déco est super, le contenu est passionnant, les couleurs sont agréables, l'ensemble est cohérent, les photos de qualité et très bien choisies pour illustrer le propos toujous pertinent... De plus la lecture est très confortable grâce à des choix syntaxiques équilibrés, volontaires, et dans un français impeccable. Sans oublier le fait que le nombre de post par page de blog est proche de la perfection, pour maximiser le plaisir sans que le temps de chargement de la page n'ait à en pâtir !!!
Hehehe... le criticizor repenti
Keep it coming, Championne!
Nous (les lecteurs), ou du moins moi pour ma part, kiffons et commentons en conséquence!!!
MERCI!! oui ils me plaisent en effet tes commentaires... decidement en ce moment la famille Joseph me met plein de commentaires! :)
Les photos arrivent promis, je fais ca dans les jours qui viennent. Elles sont deja choisies et a taille reduite, y a qu'a les uploader, ca va pas tarder. Ce soir peut-etre!
Hahaa! C'est encore mieux avec les photos! J'aime beaucoup celle avec le retardateur, je ne te connaissais pas cette frimousse de pirate, tu es pleine de surprise! Chouette aussi la collection de panneaux qui montrent les sommets conquis... Pis tes montages bon ben voila quoi je les trouve toujours aussi sympa.
Gros bizoux
Eh ben en voilà encore un de commentaire de la famille Joseph ! J'aime beaucoup la "pause étrange" : on dirait comme ... un gentil dragon ?
P.S. j'aime beaucoup le style du 2e commentaire !
En plus des paysages, maintanant il y a du suspens...le tèlèsiége, le bus, le bras....
bah ça y va la lèche au dragon lol ! c'est une véritable tentative de la famille Joseph pour endormir le dragon là !
ahaha, vous savez toujours pas si je suis manchotte, hein!!
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