2008/02/21

8 Février : Kyushu jour 4

Voilà sûrement le dernier post que j'écrirai depuis le Japon ... et oui, on est vendredi 22 au soir, et je pars dans pas longtemps pour Osaka pour ma farewell party, puis j'enchaine avec l'avion vers Hong Kong, et à mon retour la connexion internet sera coupée dans la matinée donc ... peu de chance que j'écrive de nouveau d'ici! La suite sera écrite depuis Paris ou Metz!!

J'en profite donc pour vous faire un bon petit post du 8 février, avec au programme le Sakurajima (le volcan de Kagoshima, toujours en forte activité), et l'arrivée à Aso...

Bonne lecture!!


Vendredi 8 Février

Lever à 7h après de nombreuses interruptions. Zach est déjà en train de manger son énorme porridge matinal ...
Habillage puis départ à 7h20 : mes courbatures sont affreuses, et je mets 2 fois plus de temps que d'habitude pour faire quoi que ce soit ... autant partir tôt.
Petit tour au combini pour un chargement d'onigiri, puis tram vers le terminal du Sakurajima, le Vésuve local.

Les 500m qui séparent l’arrêt de tram du terminal assouplissent les cuisses, mai la descente d’escalier, ne serait-ce qu’une petite marche, relève de la torture ! J’ai l’impression que les étirements ont fait empirer les choses… ou alors les courbatures étaient cachées, et apparaissent sournoisement plus fortes de jour en jour … ??
Bref, je prends le ferry avec le soleil presque levant sur le Sakurajima. Pas mal de nuages, mais qui vont peu à peu disparaître pour laisser place à un ciel parfaitement bleu à midi. J’arrive au fameux volcan à 8h30, où je dois attendre 9h40 le sight seeing bus qui va m’emmener faire le tour de la bête. Le temps de réaliser que j’ai dû perdre mes gants entre la location de voiture et le départ de chez Zach ce matin et me voilà embarquant à bord du bus. Une japonaise à voix de gamine de 10 ans blablate tout un baratin pendant le tour, qui dure 2h10, et j’entends essentiellement des « oishii » qualifiant les nombreux « daikon » et « komikan », autrement dit elle n’arrête pas de dire que de délicieux radis blancs et mandarines pullulent sur l’île. Un bus japonais où l’accent n’est pas mis sur la bouffe ne serait pas un bus japonais …

Moi je me tortille sur mon siège pour voir le plus possible l’impressionnant volcan, notamment sa « tête » sud qui est active et crache ses fumerolles blanches en continu. Petit arrêt à la boutique locale qui vend du daikon mariné à tous les vinaigres imaginables (Guinness des records : plus de 20kg pour un daikon du Sakurajima il y a quelques années !), puis à la boutique des komikan (petites mandarines) les plus petites du monde !), et enfin retour au terminal des ferries. Inutile de dire que mon numéro a bien progressé, à partir du moment où la guide a annoncé à tout le bus (12 personnes !) que j’étais française … j’arrive à faire des variations de tons, des effets de style selon l’individu, bref que du bonheur !!

Le Sakurajima au petit matin depuis le ferry, et la guide qui essaie de se faire passer pour au choix beaucoup plus jeune qu'elle n'est ou bien animatrice de colo d'enfants en bas âge ... Et vidéo en prime :





Le volcan est vraiment magnifique ... cratère ouest avec et sans ma trogne, puis cratère sud (il y a plein de cratères sur ce volcan)

Les daikon géants, et les feuilles des bêtes ...

Enfin, j’ai des photos superbes dans la boîte, et voir cette masse fumer juste au-dessus de ma tête, c’était très chouette. La lave est omniprésente, normal vous me direz, mais un paysage tout noir ça fait quand même bizarre …

Retour au ferry sur le « continent », tram jusqu’à Kagoshima Chuô, et là train pour Aso. La route comprend 4 changements, pour 5h48 de route … et oui, les tortillards, c’est long ! Mais pas cher et j’allais quand même pas prendre le Shinkansen ! Donc voilà, j’écris dans le train, je pense dormir pendant le prochain tronçon, et ce soir arrivée prévue à 19h14 au volcan du centre de Kyushu …

Notes de train : les montagnes sont plus apprivoisées à Kyushu qu’ailleurs au Japon : quelques pylônes électriques, des routes, des maisons … Ca reste incomparable aux Alpes mais quand même.



Le tori enterré par les pluies de cendres d'une éruption, toujours le cratère sud mais vu d'un angle légèrement différent, et le détails des coulures le long du volcan, superbe!!

Kyushu, c’est comme Shikoku en plus grand, en plus touristique, où il y a à la fois plus de choses à voir et à faire mais où tout est plus balisé, préparé pour les touristes (sauf le chemin sous la ligne électrique du Oonani…).

Je retrouve les paysages typiques du Japon : montagnes raides presque inhabitées, qui se terminent brusquement sur des plaines hyper plates où se serrent en surdensité champs de riz et maisons à R+1. Je crois que c’est vraiment LA caractéristique du paysage japonais. Peut-être Hokkaïdo diffère … je le saurai au prochain voyage.

J’approche de Kumamoto, et je m’aperçois que les palmiers ont disparu depuis un ou deux arrêts. Par contre, les mandariniers continuent de pulluler… Le train précédent (le plus long tronçon, 2h30) était un train sans conducteur, d’un seul wagon ; là j’ai droit à un conducteur, et 2 wagons !! C’est vraiment des coins reculés que je traverse … avec le Shinkansen presque en parallèle, mais qui ne s’arrête pas, lui, à chaque village.


moi dans le train ...

En partant de Kumamoto : le soleil se couche à 18h à l’ouest de Kyushu…

Dans le train entre Higoôzu et Aso : un lycée de Kumamoto autorise les filles à porter des collants fins noirs sous leur jupe arrivant à mi-cuisse. C’est la première fois que je vois ça, enfin une initiative sensée ; normalement, les filles sont cantonnées à des chaussettes à mi-mollets même à Kyoto sous la neige ; et j’ai vu plein de gamins (maternelle et primaire) en short d’uniforme d’école et petites socquettes, en plein hiver sous la neige. Dites-moi qu’il n’y a pas un léger problème …

19h05 : première neige ! On monte …

19h14 : arrivée à la gare, avec un peu plus de neige mais à peine. Il fait nuit noire, pas un chat … seul un chauffeur de taxi qui attend le touriste esseulé, mais qui accepte quand même de m’indiquer le chemin – sans oublier de me dire que c’est très loin, pentu, pas éclairé, avec de la neige glissante sur les côtés, et de me souhaiter bon courage …

Je ne sais pas comment sont les auberges en France en montagne, mais ici c’est synonyme de bout du monde !!

1km de la gare, aucune habitation à côté.


Bon alors manifestement il manque ici aussi une page ... désolée ... je suppose que je décrivais le chemin pour aller de la gare à l'auberge : en fait c'était comme avait dit le taxi, pas éclairé, tortueux, avec de la neige sur les côtés, mais bon je suis bien arrivée et une très vieille dame m'a accueilli en me demandant si j'avais déjà mangé - j'ai répondu trop vite oui, elle voulait que je vienne manger avec elle sinon! Je suis la seule cliente, du coup on est toutes les deux, les deux bonnes femmes, perdues au bout du monde ... j'adore!!! :)

Elle m'explique comment marche le bain, où je me gèle littéralement vu que les fenêtres étaient grandes ouvertes quand je suis arrivée, et là pour le coup j'apprécie vraiment un onsen brûlant. Avant, j'ai mis en marche le chauffage : ben oui, pas de chauffage central, donc j'ai droit à un petit chauffage soufflant qui dure 3 heures et après qui s'arrête. (note en rédigeant le blog : j'ai appris ensuite par yuki que ce truc est un poêle à mazout, et que c'est très mauvais pour la santé ... d'où surement la limitation à 3 heures de chauffage). Ensuite je sais pas ce que j'ai fait, mais apparemment j'ai dû le faire vite vue la suite du texte :

Note pour la version papier :

La page suivante commençait par « … un temps record !! ». Entre temps, j’ai retrouvé la page manquante et vous allez découvrir ce que j’ai fait si rapidement :

Une toute petite vieille femme rabougrie m'accueille. Il est 20h, et elle attendait que j'arrive pour se mettre à table : nous sommes les deux seules habitantes du grand bâtiment ... à Miyazaki, il y avait quand même une autre fille en plus de la patronne!!

Bref, elle me montre ma chambre contenant 8 lits (donc grande) avec le petit chauffage soufflant qu'elle a mis en marche peu avant, et qui s'arrête au bout de 3h. "Ca suffit pour chauffer jusqu'au matin" m'assure-t-elle ... mouais, on verra!!

Elle met à chauffer l'eau pour que j'aille me doucher – je me demande si elle va mettre de l'eau dans une casserole et me l'apporter – et 30 min plus tard je vais à la douche ... Salle absolument glacée, je grelotte, et me rue dans le onsen brûlant une fois lavée. Je me sens l'âme d'un singe du Jidokudani koen ... avec la tête qui gèle hors de l'eau!

Quand je ne vois vraiment plus rien à cause de la vapeur du bain, je sors. L'adrénaline accourt, monte très vite, et je m'habille en un temps record!!

(fin de la note)

Dans la chambre, le chauffage a bien fait son boulot, la température est acceptable avec deux polaires. Vivement que ça « tienne » toute la nuit … j’y crois pas trop.

Je pique des couettes aux autres lits histoire de confectionner un sarcophage de futons, la marmotte prépare son terrier. Ben oui, il est 21h30 avec tout ça, il se fait tard !!

Juste un truc qui me revient sur le bus du Sakurajima ce matin : la guide faisait des blagues et les japonais rigolaient et applaudissaient ; elle posait des questions genre « quelle préfecture du Japon est la plus grande consommatrice de daikon ? » (la seule que j’aie comprise !), et les japonais répondaient comme à l’école … très bon public. Et du coup je me suis dit qu’il devait y avoir un nombre impressionnant de boulot de guide au Japon, alors qu’en France on se dirait vite « oh, elle nous barbe l’autre » ou « elle arrête de faire son cinéma » ou « mais elle est complètement ridicule avec sa voix de dessin animé et ses mimiques à la noix » …

Allez, sur ce, je vais entrer dans mon terrier !!



Ma chambre de l'auberge de jeunesse d'Aso

Aucun commentaire: