2008/02/19

6 Février : Kyushu jour 2


Mercredi 6 Février

Réveil à 4h40 donc, habillage en vitesse, puis direction la gare. Petit déj’ acheté au Lawson en route, et je prends le train pour Kirishima jingu à 5h28. Dans le train, écriture de journal et habillage en conséquence pour aller gambader dans le Ebino Kôgen enneigé !

Suggestions lonely : marche entre les deux volcans : trop long. Tour des lacs (dont le Rokkamon Mi-ike) du plateau : bien ; A/R Karakuni-dake : demander longueur.
De l’autre côté de la route du lac, au pied du Karakuni-dake, s’élèvent les vapeurs du Fudo-ike, jigoku (=source chaude bouillonnante).
Kirishima Higashi jinja : cèdres + panorama.

Arrivée à Kirishima-eki, le conducteur de bus me dit que celui que je veux prendre n’existe que les week-ends à partir du mois de mai. Arg. Lui ne va que jusqu’à Iwasaki Onsen, après à moi de me débrouiller …



A la gare de Miyazaki, tôt le matin, le superbe Red Express m'attend.

Arrivée à Iwasaki, je découvre qu’il existe un bus touristique des hauts lieux du coin, pour 1832yen, et qui part à 10h35 pour arriver à Kirishima jingu eki à 13h.
Il est 8h30 … et je n’ai pas très envie de me taper la nénette en petit tailleur et talons à parler dans un haut-parleur pendant 3h. En plus, il ne s’arrête que 5 minutes à Ebino-kôgen, contre 30minutes au temple de Kirishima jingu !!
Bref, je préfère partir à l’aventure … avec en prévision 7 à 8h de marche. Comme en plus j’ai laissé mon gros sac à la gare et que le contrôleur part à 19h, j’ai pas intérêt à me planter !!
Je pars, donc, sur la route : 5km de bitume en montée … Heureusement une voiture passe, je pouce, et ils m’embarquent ! Très sympa, ils vont jusqu’à Ebino-kôgen, où j’avais abandonné de me rendre finalement (6 autres kilomètres de bitume en montée…) pour me replier sur le cratère du Oonami transformé en lac, mais bon, puisqu’ils y vont … Ils me déposent finalement au fudoike, l’un des trois lacs volcaniques du plateau d’Ebino (kôgen = plateau … pas très plat quand même !!). Une petite photo avec la gaijin parce que quand même, et je les laisse repartir.


Photo avec les japonais qui m'ont pris en stop

Commence la partie difficile …
La carte des randos du coin, récupérée à l’Iwasaki Onsen, n’indique pas du tout tous les chemins … mais en me fiant à mon sens de l’orientation inébranlable (et aussi à la boussole et à l’observation !!), je commence à grimper le Karakuni dake. Quelques photos du Fudoike quand même, et j’arrive à une caldera lunaire, avec des pierres noires sur des cendres gris clair, et un peu de souffre par-ci par-là … j’ai laissé ma trace de pas ! ?
La neige apparaît progressivement, heureusement les chaussures de Jun sont impeccables et accrochent bien. C’est bien d’être dans du 43 …
C’est très très raide, la neige a gelé à certains endroits et sans les bambous nains pour m’accrocher je me serais cassée la figure maintes fois.
Enfin, j’arrive au sommet du Karakuni (1700 m quand même) en ¾ d’heure au lieu des 1h30 prévues sur la carte. Et oui, toujours la même chose, j’ai un bus à prendre en fin de journée !!
La cratère du Karakuni est très profond, mais ne s’est pas rempli d’eau. Des coulures de lave sont remplies de neige, ça fait une marbrure superbe avec la roche noire …



Le Fudoike, le cratère lunaire et la preuve que j'ai marché sur la lune, paysage environnant, chemin jusqu'au Karakuni, et le cratère dudit volcan.

Je ne reste pas trop longtemps là haut, ça caille, juste le temps de bien respirer et de prendre quelques photos. Je vois bien le Oonani ike, prochaine étape, mais aussi l cratère du Shinmoe, énorme, avec une coulure énorme qui a brisé le rond parfait … mais qui est à contre-jour et s’obstine à rendre mal sur les photos. Derrière, le Takachino … c’est bôôôô !!
Redescente en courant pour ne pas avoir mal aux jambes, puis remontée vers le bord du cratère du Oonani. Le lac est bleu à en faire pâlir la méditerranée… splendide. Je fais le tour côté est, puis je tente de redescendre par le chemin vers la route … mais manifestement je me suis trompée.
Ce qui a l’air d’un chemin se transforme bien vite en une tranchée dans la forêt, creusée pour que les arbres n’abîment pas la ligne électrique qui file au-dessus de ma tête. Le « chemin » est vraiment casse-gueule, je glisse sur la boue (ben oui quand on enlève les plantes, ça devient boueux), et surtout je ne sais pas où je vais … Partant du principe qu’une ligne électrique mène toujours quelque part, suivant ma boussole de près (elle indique toujours le plein sud, c’est bon signe !), et croisant les doigts pour ne pas tomber sur un ravin avec la ligne électrique qui passerait au-dessus sans soucis (mais il n’y a aucune rivière de marquée sur la carte …), je continue ma descente – très raide la descente, les jambes flageolent !


Le cratère du Shinmoe, celui du Oonani avec son lac, le chemin pour descendre et aller du Karakuni au Oonani, le Shinmoe et le Takachiho au loin, moi qui suit contente au pied du Oonani, encore le lac du Oonani parce que c'est vraiment beau, encore le Shinmoe toujours parce que c'est beau, et moi avant d'entreprendre la descente vers Kirishimajingu ...

J’arrive finalement à rejoindre une route, et en plus c’est la bonne ! Je suis passée par le chemin qu’empruntent les agents de maintenant de la ligne, accès interdit et tout et tout mais y avait rien marqué en haut !!
Transpirant à mort (la sueur a traversé le tricot de corps, le t-shirt, les 2 polaires, et le manteau …), les jambes ne tenant plus en place, je ne m’imagine pas vraiment me faire je ne sais combien de kilomètres encore à pied. Et en plus, si je sais que c’est la bonne route, aucune idée du sens dans lequel marcher ! Y a des virages partout …
Une voiture s’arrête à mes grands signes et m’indique dans quel sens Kirishima jingu se trouve. Il a fallu que je m’y reprenne à 3 fois, les 2 premières voitures m’ont évitée en accélérant à mon passage …

Ayant repris des forces, je me mets donc en marche vers Kirishima jingu. Vus les kilomètres, je ne pense pas que j’aurai le temps de visiter le temple, mais bon. L’important est d’avancer.
Quelques centaines de mètres plus tard, une voiture s’arrête à mon pouce. Ce sont des personnes âgées, qui essaient de se débiner quand je leur dit que je vais à Kirishima jingu, mais avec mon grand sourire et mon japonais tout doux, ils acceptent finalement. Ouf !!
Il y avait une dizaine de kilomètres à faire, arg arg arg !! Ils ont leur hôtel à mi-chemin mais ma conversation a dû les séduire et ils me disent qu’ils ont le temps et qu’ils veulent m’amener jusqu'au bout ! Yatta !! J’arrive à peine à comprendre ce qu’ils disent, surtout la femme qui marmonne des sons inaudibles, mais je me force à garder le sourire et à raconter ma vie … je vais écrire un mémo à répéter …
Arrivée au temple. Je suis déçue, le lonely le décrivait comme caché dans la forêt de cèdres alors qu’il est encerclé d’un parking et du gravier a remplacé l’herbe et les pierres au sol … tant pis !

L'entrée du Kirishimajingu, des japonises concentrées sur la lecture de leur avenir délivré par le temple, et un détail du temple qui avait quand même de jolis angles.

J’arrive à l’arrêt de bus, où j’attends ½ heure en faisant des étirements et en ronronnant au soleil allongée sur un banc. Des passants me regardent bizarrement : une gaijin avec des grosses chaussures crottées, tout seule, et allongée sur un banc, ça fait jaser !!
Le bus arrive, et m’amène à la gare de Kirishima. Le contrôleur est étonné de me revoir si tôt et me rend mon sac. Je lui raconte en raccourci mon périple, j’ai le droit au traditionnel « t’es douée en japonais ! », du coup l’inévitable réponse « j’habite à Kyoto » et le petit mémo que je devrais vraiment écrire (je commence à être rodée).
Une vieille dame attend sur le quai, rebelote pour le speech, puis je monte enfin dans le train reposer pour de bon mes gambettes et retirer mon harnachement de montée de l’Everest ! Là encore, une gaijin qui enlève guêtres, double paire de chaussettes de ski, chaussures de marche, et polaire dans le train, ça ressemble à un strip tease et je sens les regards se tourner … bah, on va dire qu’ils sont impressionnés !
Le train arrive à Kagoshima, je reste un peu au soleil à écrire, puis tram (le conducteur me fait réciter mon mémo…) jusqu’à Tenmonkan, l’arrêt indiqué par Zach.
Zach, c’est le premier couch surfer chez qui je vais dormir ! Je passe un temps fou à trouver son immeuble, parce que les indications qu’il m’a données sont sur mon portable… dont la batterie m’a lâchée autour du Ookaki-ike. J’atterris chez les flics qui m’indiquent une mauvaise adresse, et finalement je prends la direction du Mac Donald pour recharger le portable. C’est pas bon le mac do … mais c’est pas cher et ils ont des emplacements exprès pour ceux qui veulent utiliser leur ordi portable – et donc avec des prises de courant !
C’est l’occasion de terminer le récit de la journée … mais je pense que le premier couch surf sera plein de surprises aussi !!
Après avoir encore tourné un bon moment, j’arrive chez Zach. 1,90m, près de 100kilos par estimation, sa voix fluette détonne … Américain de Californie, super sympa, marathonien qui s’entraîne tous les jours malgré son ventre … proéminent, il me dit de faire comme chez moi. Pas de problème …
Douche pendant qu’il est chez le coiffeur, et à 8h30 je dors profondément!


Des palmiers le long de la ligne de chemin de fer en arrivant près de Kagoshima, et le Sakurajima - le Vésuve local - qui fume 24h/24...




Il se couche vers 9h, ce qui convient parfaitement à mes horaires de marmotte escaladant les montagnes ... Excellente nuit!

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