Donc j'en étais au 8 Février, où j'avais atterri le soir à l'auberge de jeunesse d'Aso perdue dans la neige...
Nuit presque sans réveil, le chauffage a marché pendant plus de 3h (je l’avai un peu trituré, ça a peut-être remis le compteur à zéro) enfin à 6h30 je l’ai bien vite remis en marche !!
Je soulève un coin du rideau … il neige … Après le sentiment de joie intense qui fait frétiller petits et grands, je m’aperçois du problème, ou plutôt des problèmes :
- il va faire froid, et mon manteau n’est pas imperméable come un anorak de ski … je croise les doigts pour que le vent ne se lève pas et que mon parapluie me serve à quelque chose.
- Je vais rien voir du tout !! Visibilité réduite à 200m, ça ne m’enchante pas du tout. Le ciel est tout blanc très opaque partout, bien que les flocons soient tout petits, et ça n’a pas l’air de vouloir se lever …
Il va peut-être falloir revoir mon plan de bataille. S’il est prévu beau temps demain, je reste un jour de plus ici et je zapperai les buddha d’Usuki à Beppu. A voir !
J’ai pris le petit déjeuner dans la salle commune, la dame doit s’être levée mais je ne l’entends pas. Il y a une sorte d’autel en plein milieu avec des fruits, des fleurs, et de vieilles photos d’un monsieur qui devait être le mari de la dame. Ambiance étrange. Ca doit être très très différent en été ici. Elle a la télé, mais sinon pas âme qui vive, toute seule … bouh, pas pour moi !!
Je la croise enfin à 8h30 et elle m’explique le chemin. Vu qu’il neige, je ne vais rien voir, mais elle pense que le mieux sera le Kishimadake … soit !
Je choppe le bus après m’être équipée (je teste le collant noir super chaud et le t-shirt Damart !!) et après avoir enfilé le pantalon (bleu) de k-way et le « poncho » en plastique rose que la dame m’a passés … je ne ressemble à rien !!
Le bus m’amène au musée du volcan d’Aso, d’où on est sensé voir la Kisasenri, une immense prairie avec deux lacs créés par un cratère particulièrement plat.
Dans les faits, la neige qui tombe ajoutée au brouillard très épais fait qu’on ne voit rien à 50m … c’est la joie !
La salle commune, parée à enfiler les épaisseurs, dehors tit déj, enturbanée de rose bonbon, et le parking d'où on est sensé voir la Kisasenri ...
Je ne cesse de bénir Jun et surtout ses chaussures sans qui je n'aurais jamais fait tout ça ... je crois que je vais dédicacer ce journal à la paire de 43!
La montée est au début assez plate puisqu'elle suit la route, puis devient sacrément pentue. Ça glisse ... La dame m'avait dit qu'il y avait des escaliers donc que ça irait, mais je ne les vois absolument pas!
Heureusement quelqu'un avait gravi le volcan peu avant, hier sûrement, et ses traces de pas avaient fait craqueler la neige, et me montrent donc le chemin maintenant! C'est mon unique point de repère, parce que en montant, la neige tombe de plus en plus, et je ne vois pas à 10m!! Les photos s'en ressentent d'ailleurs.
Mais qu'est-ce que c'est génial de marcher dans la neige!!
J'ai largement surestimé le froid du volcan, je crève de chaud, et j'enlève mes gants au bout de 5 minutes; je ne le remettrai pas de toute la marche!
L'écharpe se retrouve vite dans le sac, et le bonnet aussi. C'est pas Val Thorens niveau températures!
Je grimpe je grimpe, et la neige recouvre tout, la moindre touffe d'herbe y passe. Le "chemin" se faufile entre des sortes de congères de 80cm de haut. Je m'enfonce jusqu'aux genoux dans la neige par moments, sans quitter des yeux les fameuses traces de mon prédécesseur.
A un moment donné, ça "s'éclaircit" et je devine à droite et à gauche des zones plus sombres que mon chemin, donc a priori plus profonde.
Je vais pas aller tester.
La dame m'avait dit de faire le tour du cratère pour avoir une vue splendide vers le nord; tant pis pour la vue mais je tente le tour du cratère quand même.
Mais à un moment donné, je perds complètement de vue le chemin, et je suis dans une vaste zone plate où rien n'indique où je vais ni où je peux tomber. N'ayant aucune envie de finir mes jours congelée au fond du cratère, je décide de stopper le tour. La boussole indique 255°, je dois donc avoir fait 1/2 tour du cratère et atteint la fameuse vue nord.
(le "j'espère que ça rendra bien" qui suit parle de cette vidéo)
Ca me fait rire. Mais ouf ça n'a pas déchiré le pantalon plastique de la dame. Par contre les polaires ont embarqué de la neige ...
La fin du chemin est impraticable en luge, je me résous donc à marcher. Je découvre, à côté de mes traces de l'aller, de petites traces d'un animale, aucune idée de ce que c'est, mais ça vaut le coup de prendre une photo.
J'arrive au musée où tout le monde regarde avec étonnement ce bonhomme de neige bibendum rose et bleu avec une tête en fourrure entrer dans le hall d'accueil bien chaud et tout propret.
La nana me re-confirme que le sommet est fermé ... je me résous à prendre le bus du retour vers l'auberge de jeunesse dans 45min.
Arrivée à l'auberge, la dame me saute dessus et me dit de me dépêcher : il y a un train qui va à Beppu qui part dans 15min de la gare de Miyagi et elle doit justement aller en voiture à Miyagi, donc elle m'embarque!
Moi qui comptais prendre un thé chaud et papoter avec elle après une douche, un bain, et le séchage de mes affaires, c'est raté!! Enfin elle est vraiment adorable, je ne vais pas me plaindre!
Alors qu'elle arrive à peine à marcher et doit prendre une loupe pour lire les horaires de bus, je la vois démarrer une énorme voiture pour 7 personnes, flambante neuve! Elle est extra. Mami conduit très vite et très énergiquement, et ce malgré la neige et l'état de la route. Je ferme les yeux ... ah non je vais louper le paysage!!
Arrivées à Miyagi (la grosse ville locale, avec même un collège), elle me souhaite "bon voyage" en français, et je la vois repartir clopin-clopin vers sa voiture ...
Elle avait raison, un train (1 wagon et 1 conducteur!) attend. J'y monte et commence mon traditionnel strip tease. Là, il faut aussi faire sécher des chaussettes de ski ... moins évident niveau odeurs!
Une gare sur le chemin, avec une tomate à l'entrée ...
La neige s'est arrêtée, et au fur et à mesure qu'on descend de la montagne et qu'on s'approche de le mer, le brouillard se lève.
Bientôt c'est carrément le soleil qui me gène opur écrire ... j'espère que la météo ne va pas changer brutalement pour laisser place demain à un grand ciel bleu et la caldeira!!!
Sur la route entre Taketa et Oita, le ciel se couvre de nouveau et la pluie reprend. Ouf. Je réalise aussi que le train quitte la campagne : de moins en moins de personnes âgées, et les étudiant(e)s aux accoutrements bizarres refont leur apparition dans le train.
Petite histoire de mon ticket : à Miyagi, dans le speed, j'ai pris le ticket le moins cher, quitte à faire un "fare adjustment" à l'arrivée, vu que je ne trouvais pas le tarif pour Beppu. J'ai changé de train à Taketa sans que personne ne me demande quoi que ce soit, et de même à Oita où j'ai changé de train pour aller jusqu'à Beppu/ Toujours avec mon billet à 160yen (=1€).
Et puis pourquoi s'arrêter là? En arrivant à Beppu, j'ai soudainement oublié le moindre mot de japonais, un peu joué la comédie, dit au contrôleur des tickets que j'avais perdu le mien en montant à ... Oita, et il ma donc "refait" payer le billet Oita-Beppu. Soit une économie de 3000 yen. Bien, très bien ça ... :)
L'endroit est parfait, à 5min à pied de la gare, propre, un lit dans une chambre de 4, idéal!! Je vais rester là les 2 nuits.
Le temps de laver un t-shirt et je me dépêche de retourner à la gare au centre d'informations pour préciser quelques points sur les "enfers" et les bouddahs d'Usuki.
Il est 17h30, et mon ventre qui en a marre de se nourrir exclusivement d'onigiri crie famine.
Je tombe dans la gare sur un "italian cafe", qui sert des plats de pâtes appétissants et à prix tout à fait abordables, le tout dans une ambiance calme (musique jazzy s'il vous plaît, fauteuils moelleux blancs ... je prends!
J'opte pour un plat de spaghetti à la sauce mozzarella-tomate.
J'ai un peu peur puisque les japonais qui tiennent le resto semblent à peine sortis du lycée et n'ont d'italien que le couvre-chef vers et tablier rouge, mais je suis comblée : un gros plat arrive (j'ai pris la version grosse portail!), délicieux, pâtes cuites al-dente, plein de sauce, c'est chaud, c'est moelleux, ah la la j'ai bien fait! Pour 600 yen ...
Je profite du lieu pour écrire un peu. J'ai mal aux pattes, je sens que je vais faire un tour au onsen près de l'auberge ce soir.
Ah mais oui je ne vous ai pas parlé de Beppu : Beppu, c'est la Mecque des onsen. Il y en a partout, à tous les prix, et les gens se baladent de l'un à l'autre pour s'en faire des cures.
Le plat de spaghetti!!!
Un enfer, c'est une source mise en scène, on ne s'y baigne pas, on ne fait que regarder.
C'est le programme de demain normalement.
Petit retour sur Kagoshima, ou plutôt sur mon hôte Couch Surfing Zach.
Zach vit à Kagoshima depuis 1 an 1/2, il fait partie du programme JET et est assistant prof d'anglais dans un collège.
Il pensait rester 3 ans mais ... finalement 2 ans lui suffiront. Je me suis bien gardée de lui donner ma vision du Japon avant qu'il ait fini son discours; bon ça va je ne suis pas seule à penser ce que je pense ... parmi les griefs qu'il recense :
- les gens ne sont pas francs, ne disent jamais ce qu'ils pensent, on ne peut pas avoir d'échange réel
- les japonais excellent en inefficacité, malgré le nombre d'heures passées à travailler. Ca met Zach furibond - imaginez un américain face à de l'inefficacité à l'état pur ...
- le japon ça va un peu, mais on en a vite fait le tour, et la société est tellement fermée aux étrangers qu'il ne peut plus rien apprendre de nouveau, évoluer, ça ne lui apporte plus rien de rester
- il a envie de revenir faire du tourisme parce qu'il n'a pas pu en faire à cause de son boulot. Mais hors de question de vivre au Japon!
Voilà, ça m'est revenu cette nuit qu'on avait un peu discuté de tout ça, et ça m'a semblé important d'avoir l'avis de quelqu'un non européen, à la base très très attiré par le Japon au point de faire partie du programme JET, et vivant dans une petite ville ...
En rentrant à l'auberge, je m'effondre sur mon lit (après un passage par internet!), et je m'endors à 20h jusqu'à ce que mon téléphone retentisse à minuit et demi et que j'entende Antoine me demander le code de la porte de Mukaijima parce qu'il a perdu ses clés!!!
Je suis dans un coltard très profond, et je n'ai de toutes façons aucune idée du code de la porte. J'espère qu'il s'est débrouillé autrement ... Enfin le mal est fait, impossible de me rendormir, et pour cause : les trois autres japonaises sont des ronfleuses professionnelles, et deux d'entre elles ... ont laissé leur lampe de chevet allumées!!!
Mais c'est une maladie dans ce pays!!
2 commentaires:
Je reviens polémiquer un petit peu. Alors voila, aujourd'hui je me suis fait un petit parcours du combattant, je suis allé à la mairie puis à la poste (wouah, trop dur... et hier je suis passé à la banque aussi). Et donc... j'ai passé (ou perdu) autant de temps à attendre qu'au Japon, mais au moins là-bas les personnes chargées de recevoir le public ont le respect de ne pas discuter entre elles pendant qu'on patiente à leur guichet...
Plus sérieusement, fais moi signe si par hasard tu passes à Lille (on se boira une Karmeliet :P)!
A bientôt j'espère (^_^)v !
Cette vidéo embarquée dans le train me rappelle ce site http://video.alpslab.jp/, sorte de youtube japonais avec des vidéos prises en train, mais également en voiture, à vélo, en poussette, etc... Bien otaku mais on aime ça non ? Perso, oui... Le temps que j'ai pu passer à étudier les cheminots de la Kintetsu piloter leurs bolides rouges entre Kodo et Takeda !
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